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Dalie Farah -"Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'histoire"
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Mémoire de fille écrit par une grande dame

J’aime Annie Ernaux. Mais je laisse toujours une possibilité au livre, la possibilité de me plaire ou pas.

Au début, je suis mal à l’aise avec ce « je » qui devient « elle », cet ailleurs dans la mémoire d’Annie, est un ailleurs lointain. Un lointain qui me met à distance. Le temps des colonies de vacances, et le temps des colonies françaises. Je ne suis pas à l’aise.  Puis je comprends que cette distance est celle de l’auteure.

Je ne suis pas seule. Annie aussi. Je l’appelle Annie, parce que désormais, elle a une proximité trouble avec moi. Son été, ses nuits d’été sont mes songes et mes cauchemars. On regarde sa vie depuis son présent en ayant le sentiment d’avoir subi un temps de jeunesse mystérieux et cruel, et, à la lecture du roman d’Annie, l’on comprend que c’est maintenant que l’on peut faire sens sur soi, maintenant, même, que le passé peut participer au présent

Annie Ernaux, l’écrivain raconte son histoire et comme peu savent le faire, elle ne nous laisse pas seule, alors qu’elle est abandonnée avec ses maux et ses souvenirs. Un livre à lire, car ce livre est une expérience à vivre.

Annie Ernaux a la plume modeste, délicate de celles qui n’ont rien à prouver. Qui voudrait n’avoir rien à prouver.

Un roman troublant, captivant qui interroge le passage de la fille au féminin, de la fille au masculin.

Un livre à lire, car ce livre est une expérience à vivre.

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