La Montagne, Portrait par Chloé Tridéra « Je suis une écrivaine bio. Je veux toujours partir de l’histoire des gens, au plus proche de la vérité et du vivant. »
Portrait
Dalie Farah, écrivaine clermontoise révèle les secrets de son écriture
Un espace rarement dévoilé. Le bureau d’un écrivain. Celui de Dalie Farah est installé au sous-sol de sa maison, bien caché. « Voilà, c’est là où j’écris », lance Dalie Farah dans un grand élan de joie. Une large pièce éclairée par des fenêtres donnant sur son jardin, un bureau, une chaise, un canapé et des rangements. « J’ai la chance d’avoir un espace épuré. Je veux que mes pensées soient mobiles. Et pour ça : il me faut de l’espace pour les laisser circuler », analyse-t-elle.
Elle considère l’écriture comme de l’artisanat
Assise dans son canapé, Dalie avoue ne pas apprécier se livrer. Un portrait ? Jamais. L’écriture alors ? Dans son premier roman, Impasse Verlaine, paru chez Grasset, Dalie Farah aborde la relation mère-fille : son histoire.
Je suis une écrivaine bio. Je veux toujours partir de l’histoire des gens, au plus proche de la vérité et du vivant. Pour Impasse Verlaine, je ne pouvais pas inventer, c’est ma matière, celle de ma mère. Je ne pouvais pas faire semblant.
DALIE FARAH
Pour elle, l’écriture relève de l’artisanat. Son matériel ? Les mots. « Ils sont puissants. Je n’invente pas le monde dans mes écrits, j’invente la langue », compare-t-elle. Dalie écrit. Énormément. Mille projets en cours : des poèmes, des pièces de théâtre, entassés sur son armoire, dans des carnets, des manuscrits, sur son portable. Même lors de ses joggings : « Je passais souvent devant des tomates. Au fur et à mesure, elles finissaient par pourrir. Et une phrase est arrivée. Je l’ai écrite et le reste a suivi. C’est mon prochain roman ». L’écriture de ce dernier s’est déroulée durant l’été.
Pour son premier roman, Impasse Verlaine, la Clermontoise Dalie Farah est publiée chez Grasset
Sur un tableau, des post-it pour dresser la trame du récit. Le reste, sur son ordinateur. Malicieuse et souriante, Dalie se livre peu à peu. Sa passion pour l’écriture naît à l’âge de dix ans. Elle participe à un concours de poésie autour du thème du tableau Les coquelicots de Jean Monet. L’écriture d’un quatrain sera la révélation. « Il s’est passé quelque chose, ça m’a dépassé c’était malgré moi. A partir de là, écrire est devenu ma respiration. En fait, ajoute-t-elle, il y a dans l’écriture une manière pour moi de vivre ».
« L’écriture est une nécessité »
Soudain, elle se lève et attrape sur l’étagère des vieux cahiers. « C’est dedans que j’écrivais mes histoires, plus jeunes. C’était mon secret ». Lui arrive-t-il de les lire à nouveau ? « Non », sourit-elle, tout en survolant les textes avec nostalgie. Celle d’une enfance difficile, qu’elle relate dans Impasse Verlaine. « On était en mode survie, tous les jours. On n’avait jamais le temps de penser au lendemain. L’écriture était une nécessité pour moi. »
Pourtant, elle ne veut pas que son histoire soit l’étendard d’un certain ascenseur social. D’ailleurs, l’écrivaine n’aime pas les honneurs. « Ce n’est pas parce que je suis lisible que je suis au-dessus des autres. Je n’ai aucun mérite, c’est le livre, ce n’est pas moi. Le livre fait des choses que je ne sais pas faire. »
Dalie Farah propose, samedi 12 octobre « Du réel au roman, la fabrique du texte Impasse Verlaine », de 17 heures à 19 heures où elle proposera, à travers un jeu de piste la trame de l’écriture de son premier roman, à la médiathèque de Croix-de-Neyrat, place Alexandre-Vialatte à Clermont-Ferrand.
Chloé Tridera