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Dalie Farah -"Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'histoire"

Ballade poétique du cercle Amélie Murat par Marie Agullo

Mes chemins de campagne

Ils courent, ils courent sous le ciel mes chemins de campagne. Ils lisent mes saisons et me disent mon âme. Ils essoufflent mes chagrins. Ils ordonnent ma vie, me fortifient quand je m’abandonne. Ils conseillent d’écouter pour mieux entendre.
Je ne change jamais d’itinéraire, je ne connais que le rite de mon passage parce que je suis toujours perdue en chemins nouveaux. Je ne sais pas lire le soleil et sa course, ne comprends rien aux mousses qui poussent au nord, dit-on, ne vois jamais deux fois le même détail au même endroit, oublie souvent, enfermée à l’intérieur de moi de fixer une direction. Quand je regarde le ciel je n’en vois que la couleur, la lumière ou les menaces. Quand je regarde l’horizon, je ne sais pas nommer les formes des montagnes ou les adresses des maisons. Ce ne sont pour moi que des dessins, des couleurs, des perspectives. Je reste clouée devant une ligne droite illimitée, mes boucles rassurantes autour de mon plateau me sont un voyage.
Car le temps change ce que l’espace immobilise. Jamais les ronciers qui bordent mes chemins ne viennent les couper pour empêcher d’aller. Ils apportent en automne les fruits nourriciers. Les arbres fixent en hiver des épines de glace qui ne déchirent rien que le bleu gardé du ciel. L’été écrase les pierres qu’éclaboussent les stridences des insectes. C’est le mois du coucou que je préfère, une pièce en poche, on a le cœur en fleur.
Une petite croix de fer, un pin séculaire et solitaire, le four à pain aux lauzes retrouvées, un muret de pierres sèches, un ru en bruit d’eau, un bouquet de genêts, une ligne grise lointaine de sommets qui étaient blancs juste avant, un pommier au bas de la côte, un pré coupé… Ils sont la poésie de la terre où je vis, où vous pourrez venir marcher en septembre, en égrenant des rimes avec les Voix d’Amélie.

Marie Agullo

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