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Dalie Farah -"Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'histoire"

« Paysage féminin » : un spectacle juste, vrai et nécessaire !

« L’admission de la femme à l’égalité parfaite serait la marque la plus sûre de la civilisation ; elle doublerait les forces intellectuelles du genre humain et ses chances de bonheur. » Stendhal

Salle Nelson Mandela. Quartier de la Gauthière. Trois panneaux blancs. C’est la répétition générale. Quelques spectateurs épars. Je ne m’attends à rien, je sais juste que c’est l’Atelier du collège La Charme et que Monique Beaujard (responsable d’un excellent Atelier au Lycée Blaise Pascal pendant des années) m’a invitée.

On me remet un programme. Estomaquée, je relis la composition du spectacle : Marc Twain, Molière, Gabriel de Guilleragues, Olympe de Gouges, Flora Tristan, Louise Michel, Simone de Beauveoir, Giraudoux, Baudelaire, Senghor, Eluard…

De vrais textes de littérature ? Pas une soupe réécrite et adaptée pour enfants défavorisés ? Pas un énième pillage de la mémoire des enfants pour en faire un galimatias pseudo-ethnique indigent et post-colonial ? Je n’en attendais pas moins de l’excellente Monique, mais tout de même…

Pourtant, je n’avais encore rien vu. Entre en scène une Eve élégante et gracile accompagnée d’un Adam à la présence délicate, surgissent des paroles d’hommes machistes auxquelles répondent des bouches de femmes révolutionnaires ! Soudain, une émotion tangible, violente et douce dans les solitudes de femmes, le frisson de la révolte, et arrive alors l’humour de la dispute conjugale avant l’extase apaisée de la rencontre amoureuse…. On se régale des mots et des êtres qui nous rappellent la belle vérité qu’avant de devoir justifier une existence, il faudrait d’abord qu’on la possède.

Et puis aussi, la rencontre avec des textes méconnus, inconnus dont la profondeur et l’actualité vous emportent malgré vous, vous volant une émotion que vous croyiez éteinte dans la banalité du mal qui sévit en ce monde. Comme le texte d‘une poétesse syrienne, Maram-el-Masri,  dit en plusieurs langues dans une polyphonie troublante et sensuelle : les langues d’après Babel murmurent leurs vérités,  les femmes marchent, et les voix s’élancent. Elles s’arrêtent. Et l’une d’elle parle. Jusqu’à ce que le texte se dise en Arabe et en français. Superbe.

Les textes sont magnifiques, admirablement dits, les jeunes gens, les moins jeunes, les comédiens amateurs et futur professionnel, une prof qu’on ne distingue pas des comédiens, tous ont une présence véritable, parfois seul sur le plateau…. Farandole étourdissante qui fait du bien. Une mise en scène rythmée, drôle, sincère, juste. Une lumière peu bavarde, sans symbolique arrogante, juste là, pour les comédiens.

Un enchantement frais, vrai, qui me fait dire que la qualité d’un spectacle n’est jamais dans la grandeur des labels, des titres, des salles, des renommées mais dans l’ambition des êtres.

On ne peut que remercier les organisateurs de ce spectacle exigeant qui ne se moque ni de ceux qui jouent, ni de ceux qui écoutent.

Le spectacle de l’Atelier théâtre de la Charme va vite devenir un rendez-vous annuel, comme l’était à une belle époque celui de Blaise Pascal.

EN RÉSUMÉ

6 BONNES RAISONS D’ALLER  VOIR LE SPECTACLE VENDREDI 10 JUIN 2016

1- Ecouter près d’une vingtaine de textes de grands auteurs dits et joués avec talent. (Pour réviser le bac ou se cultiver en peu de temps…)

2- Vivre une expérience véritable de théâtre.

3- Rencontrer des comédiens justes.

4- Suivre un spectacle sur le féminin, qui lance des vérités avec délicatesse, profondeur et intelligence.

5-Le 9 juin est presque complet.

5- Le foot à la télé est une expérience de vie appauvrissante.

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