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Dalie Farah -"Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'histoire"

Un jour à la gare par Jean-Paul Lelong

Le jour se lève à peine, les passagers sont encore peu nombreux mais déjà,

les voilà lancés dans la ronde infernale de leur course sans fin.

La dame du kiosque à journaux a déjà reçu sa livraison du jour, des hebdos et des magazines multicolores.

Au mur, les tableaux avec les annonces des trains qui partent et qui arrivent au gré de petites lampes qui s’allument.

Le volet métallique du buffet se lève lentement dans un douloureux grognement, et tout de suite, les premiers clients se précipitent pour réclamer leur première tasse de café du jour, première drogue pour supporter le train insensé de la vie quotidienne.

Et moi pendant ce temps, caché dans le coin du photomaton, insensible à tout ce qui tourne autour de moi, indifférent à la bousculade qui elle aussi prend à peine la peine de faire un geste pour éviter d’accrocher ma jambe tendue le long du mur.

Je commence aussi ma journée, journée d’inaction, journée d’attente.

Ma musette pas bien grosse contient tout le nécessaire pour faire face à mes besoins.

De l’autre côté, mon chien attaché avec une laisse qui somnole, lui aussi pas bien pressé de se bouger, les yeux clos…

Je suis le vieux qui raconte, raconte…

Je parle doucement, je fais la réponse et la question.

A qui parler ?

Mon chien ?

Le flic fait sa tournée sans même me prêter attention.

Je crois que c’est à moi-même que je parle.

C’est pour cela que je suis calme, d’accord avec lui-même le vieux.

Je suis triste.

Tout autour de moi m’indiffère.

Je suis incapable de mobiliser mon énergie, d’ailleurs je n’ai pas d’énergie.

Je voudrais bien mais en fait, je ne peux pas.

Tout mon entourage est vide.

Les gens.

Ils vont, ils viennent.

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