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Dalie Farah -"Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'histoire"
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La Croix – « Empli d’ironie et de conviction, d’une nostalgie comique et d’une révolte apaisée, Impasse Verlaine allie les contradictions avec une douceur trépidante, une cruauté bienveillante. Ce roman invente, pour notre plus grand plaisir, l’oxymore intégral : cocasse mais vibrant. » 6.06.2019

Antoine Perraud –

6 juin 2019

Il ne se passe pas un mois sans que paraisse en France un récit plein de vie et profondément littéraire, que signe quelque écrivain surgi d’un monde longtemps rendu invisible : l’immigration d’origine algérienne. Au début de l’année, c’était le livre bouleversant du romancier-cinéaste Mehdi Charef, 66 ans, sur son arrivée dans un bidonville de Nanterre, en 1962 : Rue des Pâquerettes (1).

De son côté, Dalie Farah (son patronyme est un pseudonyme qui signifie la joie en arabe) appartient à la génération suivante. Née en 1973, en Auvergne – où elle enseigne aujourd’hui après avoir décroché l’agrégation de lettres –, elle revient sur son enfance à Clermont-Ferrand, impasse Verlaine, qui donne son titre à un roman vif et intime.

« J’adore être le nègre de ma mère »

Dalie Farah n’a rien oublié de cet entre-deux qui a pour nom intégration. Sa mère, qu’elle nomme Vendredi (on croit parfois comprendre ventre dit), incarne le monde algérien, à la fois constitutif et révolu. La fillette se fait passeuse et protectrice de sa génitrice, avec tous les renversements que cela implique : « J’adore être le nègre de ma mère. J’en suis fière. »

Parallèlement à ce pan familial qui s’adapte vaille que vaille, il y a la France éternelle, cette norme vers laquelle tendre et que personnifie l’institutrice : « Dure comme l’andésite volcanique de la cathédrale de Clermont, la maîtresse a le savoir en elle et le pouvoir de nourrir par les mots et les chiffres. (…) Tout le monde la craint, elle gifle les insolents et hurle sur les fainéants, sa justice est bonne, je suis épargnée. »

Une douceur trépidante

S’inscrire dans l’excellence française implique-t-il une totale désaffiliation algérienne ? Les tensions sont là, restituées avec une sensibilité enfantine, mutine et perspicace : la perception de la langue arabe lors d’un été passé au sud de la Méditerranée (« la bande-son était épouvantable »), les corps charnus des femmes au hammam (un morceau de bravoure !). Et toujours les détails qui font mouche : le gel capillaire de la marque Vivelle Dop que s’applique la narratrice pour ne pas « avoir une tête d’Arabe », ou encore le cadeau qu’apporte, pour Noël, « le père Assédic »

Empli d’ironie et de conviction, d’une nostalgie comique et d’une révolte apaisée, Impasse Verlaine allie les contradictions avec une douceur trépidante, une cruauté bienveillante. Ce roman invente, pour notre plus grand plaisir, l’oxymore intégral : cocasse mais vibrant.

(1) Premier ouvrage publié par une maison marseillaise dynamique et audacieuse : les Éditions Hors d’atteinte (252 p., 17 €).

https://www.la-croix.com/Culture/Livres-et-idees/Impasse-Verlaine-Dalie-Farah-souvenirs-dune-effrontee-inseree-2019-06-06-1201027109?fbclid=IwAR1UGU_m01geR_ivztSWwtW5nnpnLW-lsLG_zsRmAGcvU6wcGQLPmzFAdMo

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