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Dalie Farah -"Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'histoire"

Et paraît-il « cosi fan tutte »…?

Une fois n’est pas coutume, parlons Mozart, parlons Opéra, parlons femme, parlons sexe, fidélité, manipulation et libertinage. Très poliment.

L’Opéra de Mozart est l’occasion d’une légèreté qui n’a d’égale que la lourdeur du public se régalant des humiliations répétées des deux jeunes gourdes incapables de reconnaître leur cher et tendre derrière le faciès ridicule de deux faux albanais moustachus…grotesques et habiles beaux parleurs…

« Cosi fan tutte », c’est la morale de l’histoire : la femme est inconstante par nature. Infidèle évidemment,  infidèle bêtement, car elle ne le sait pas elle-même. Infidèle par niaiserie aiguë, infidèle car adolescente face à des hommes dont la maturité sexuelle a eu l’occasion de s’exercer. Infidèle car nourrie aux romans sentimentaux qui lui fait attendre – comme bientôt la gracile Bovary- des mots d’amour glissant sur son corps vierge de toutes caresses…

Qu’il est facile alors de répéter, en haussant le sourcil « Cosi fan tutte »…

La « buffa » mise en scène par M. Thirion Vallet nous offre deux superbes soprani, drôles et élégantes qui font des niaises idéales. Elles manquent de rouerie et Despina (la servante qui fait un(e) désopilant(e) Sganarelle) tente d’y remédier. Et il y a Don Alfonso un brin cynique, un brin malicieux, un brin libertin. Figure d’un Casanova (qui s’ennuie) plus que d’un Dom Juan libertin et tragique.
Alors, toutes inconstantes ? Peut-être. Triste et médiocre vie conjugale qui attend  les protagonistes ayant fait l’expérience du désir et devant maintenant affronter le mariage…

Le décor est très beau, symbolique, construit, raffiné, les chants enlevés et les interprétations expressives et dynamiques.

Il a manqué peut-être la noirceur que Mozart mettait dans son propos, « Cosi fan tutte », certes, dans un siècle d’hommes, monde d’hommes, cercle d’hommes qui s’ennuie et s’enivre de passions charnelles. Mais quand on voit les piètres attentes des amoureux, et le cynisme timide de Don Alfonso, on se dit que l’infidélité féminine peinte en mots et en désir éveillé, devient chez l’homme une répétition désabusée et fade. « Cosi fanno tutti », c’est comme ça qu’on dit, non ?
Dalie

P.S. A lire sur le site Rubrique Oeil pour Noeil- opéra/théâtre, la riche et lumineuse analyse de Roland Duclos.

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