Longtemps j’ai écrit sans savoir qu’on pouvait être édité, longtemps j’ai cherché à l’être. Alors que ce désir commence à se fossiliser, cela advient. J’ai quarante-cinq ans. Mais, la merveille, le miel de l’affaire est ailleurs, c’est être lue, c’est rompre la solitude de mes mondes infinis pour croiser la parole de personnes qui se sont promenés dans mes mots, qui y ont trouvé quelque chose de vivant et bon pour eux et qui me l’écrivent, me le disent. Je ne m’y habitue pas.
https://www.babelio.com/livres/Farah-Impasse-Verlaine/1136311/critiques/1898117
Un premier roman époustouflant, une auteure qui a le mot juste pour nous peindre une relation mère -fille quelque peu particulière.
C’est à la fois émouvant et plein d’humour de découvrir comment on peut se construire dans une relation sans tendresse ni amour maternel au sens naturel. Des coups par ci, des coups par là, pour un oui pour un non, pour un rien pour de trop, comment grandir sans lumière ni soleil qu’est une famille normale. Et pourtant, cette fille vaincra et par ses mots d’enfant, d’adolescente, elle nous contera son quotidien, ses rêves et ses douleurs, ses besoins et ses espérances, ses guerres et ses victoires.
C’est beau, et dur à la fois mais sans pathos, non juste une vérité vivante.
La peinture des années 70-80 est bien fidèle pour ceux qui l’ont vécu, un petit air de nostalgie.
Une lecture qui se dévore tant on est pris dans le sillage de Vendredi et de son destin qui se perpétue à travers la narratrice, sa fille.C’est un très beau récit au style intéressant et plaisant.
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Une écriture magnifique, intense et légère, drôle, couvant l’émotion à chaque page, franche et libre. Ce double portrait irradie l’éclat merveilleux de l’enfance.
Dalie Farah rayonne, infuse son tonus, son talent pour la vie, sa joie, pour notre plus grand bonheur. Les baffes pleuvent, les punitions rivalisent de cruauté et pourtant l’amour est là, immense, puissant, au-delà de tout.
Ma mère, ma passion : un sujet casse-gueule et inépuisable auquel l’auteure n’a pas eu peur de se frotter dans le sillage des plus grands. Avec brio.
J’ai adoré, j’ai dévoré. Un premier roman : vivement le deuxième !https://www.babelio.com/livres/Farah-Impasse-Verlaine/1136311/critiques/1908446
Impasse Verlaine ou la chair crue des mots, critique de Fredéric Clamens-Nanni
« Je lis sans désarmer ce livre qu’on ne lâche pas. Pas d’analyse mais des faits bruts, souvent brutaux. Je lis, au milieu des odeurs, des goûts, des cris, de la chair, les phrases sèches qui coupent court aux coups dans le ventre et le cœur. Pas le temps. Pas le propos surtout. Il est ici question d’élan vital, d’un torrent de vie qui emporte les maux, la pitié dangereuse, les larmes vaines. La vie est ainsi : une enfant, même avec des ailes de poule, ne pourra jamais s’envoler. Sa fille, plaquée au sol, peut se sauver de tout par la littérature. Elle en a fait sa nourriture et y a appris qu’avec des draps noués on s’échappe des plus hautes tours. Une fois devenue grande, elle nous offre de la vraie littérature, de celle qui fait voyager, qui fait mal, qui fait rire, qui change définitivement ceux qui tournent fiévreusement les pages de son livre » https://www.lecteurs.com/…/impasse-verlaine-roman-de…/674382
J’ai lu le premier roman de Dalie Farah en fin de nuit et achevé aux premières lumières de l’aube. C’est un livre qui mérite mille fois les premiers instants du jour. Une pure merveille. Les enfances ne se ressemblent pas et pourtant ceux qui racontent la leur trouvent souvent celles des autres: c’est le cas de ce roman. Aussi différente de celle de Dalie que soit mon enfance – encore que nous ayons indirectement l’Algérie en commun et le même voyage scolaire sur les traces du Grand Meaulnes – j’ai trouvé dans ce livre bien des émotions, bien des situations que j’ai moins même connues. C’est là le sceau des grands romans: atteindre l’universel en parlant du particulier. Ce roman mérite encore les premières lueurs du jour parce qu’il marque l’aurore d’une nouvelle écrivaine, lumineuse et sans doute un peu malicieuse dans sa façon de jouer avec les mots: ce n’est pas tous les jours que cela se produit!
De même, ce n’est pas non plus tous les jours que l’on a envie de dire merci après avoir terminé un roman.
Merci donc.
Lien : HTTP://WWW.TRANSHUMANCES.EU
Xavier Béraud
Lorsque les mots sauvent les maux !
Il est des romans dont les mots savoureusement choisis pénètrent votre chair pour se loger dans le creux de votre âme. Impasse Verlaine en fait partie.
Dalie Farah exhume ici le passé de deux femmes avec une vague de sincérité qui fait chaud au cœur mais surtout avec ce talent qui rend le récit intime et si universel à la fois. Une plume tout aussi subtile et délicate que franche et brute.
La première femme, arrachée à ses douces montagnes berbères, se fabrique tant bien que mal une autre vie dans une auvergne au souffle plus rude ; l’autre, fille de la première, se construit sous l’égide de la littérature russe pour échapper à l’injustice de ce qui l’entoure. Le verbe est son soleil, la lecture son refuge.Une histoire d’amour intense entre une mère et sa fille. Car l’amour n’est pas que caresse. L’amour parfois claque.
Impasse Verlaine est un kaléidoscope d’émotions explosives, qui se détournent à chaque phrase du pathos redouté de tous. L’auteure délie ses mots avec empathie. Dalie Farah dit sans juger ! sans ambages, ni fioritures. Et c’est ce qui fait sa force.
L’impasse de Dalie Farah, n’est pas une voie sans issue, mais une voix libre.
Et j’espère de tout cœur une récompense pour ce texte qui bouscule sans jamais faire mal.
http://stemilou.over-blog.com/2019/05/impasse-verlaine-dalie-farah.html?fbclid=IwAR0np1MtOAkA3KWNAeqDAN6i_yMJcT6jNxNHzIAcDvlnvoHgIDcoKDdwdFc
Avis L’histoire d’une fille-mère pour ce premier roman époustouflant de sincérité et d’amour. Djemaa, Vendredi, est la petite dernière d’une grande famille berbère d’Algérie, enfant pleine d’énergie qui adore son père mais est souvent réprimandée par sa mère. Après la mort de ce père tant aimé, tué par torture devant ses yeux, sa vie va radicalement changée, finie l’insouciance la mère de Vendredi va élever la violence au rend d’éducation et tout faire pour la marier rapidement. Et ce mariage la mènera en France où une nouvelle vie va s’offrir à elle non sans son lot de souffrance et d’incompréhension.
Vendredi, jeune femme très belle, va attirer à elle tous les regards de ce petit village auvergnat. trois enfants vont d’abord naître dans cette belle maison de Ponteix avant de déménager dans ces nouveaux logements communautaires très en vogue à cette époque et où un quatrième enfant fera son apparition.
Une histoire de fille devenue mère très jeune, et d’une petite fille qui souffre auprès d’une mère qui ne souhaite que pouvoir grandir sans autre responsabilité que de vivre pour elle-même. On a une enfance un peu malmenée auprès d’une mère pas tout à fait stable qui pourtant aime ses enfants, d’une fratrie à laquelle la narratrice ne s’identifie guère et une petite sœur, source de renouveau. Des mots sur l’espoir venu des livres et de l’école, des moments douloureux auprès d’une mère qui ne sait pas montrer son amour et qui vit pourtant pour eux, sa chair et son sang.
C’est l’histoire d’un déracinement, de l’exil et du désir d’échapper à sa condition, d’une recherche de liberté et d’amour.Ce roman m’a beaucoup touché au point de ne pas arriver à libérer mon impression et la transformer en mots, moi qui aime à développer mon ressenti je me retrouve sans mots. C’est à n’en pas douter mon coup de cœur, tous ces instants d’une enfance qui s’enchaîne pour tenter de recomposer une mère, de la comprendre sans jamais la juger, de l’aimer telle qu’elle se donne. Ce qui a été le plus douloureux (et peut être parce que je suis une maman qui redoute que ça n’arrive un jour) a été de lire les sentiments d’une enfant qui attend indéfiniment un geste d’amour de sa mère.
Magnifique premier roman qui loin de ce que l’on pourrait croire ne verse pas dans le patho mais se concentre sur des faits et l’analyse d’une personnalité bouleversée.
Aujourd’hui, je vous parle d’un roman qui me touche doublement, par la proximité géographique d’une part, par le sujet abordé d’autre part.
« Impasse Verlaine » de Dalie Farah, un premier roman, se situe à Clermont-Ferrand. D’ailleurs sur la photo, c’est l’impasse Verlaine, celle de Clermont-Ferrand, dont il est question dans le roman. Elle est à deux pas de chez moi, Clermontoise pour quelques semaines encore avant de partir vers de nouvelles aventures en région parisienne. ☺️ Des lieux connus : place de Jaude, la bibliothèque de Croix-de-Neyrat, place des Bughes…. Des noms toujours présents : T2C (le réseau des transports en commun), le journal régional La Montagne… L’identification dans l’espace m’était donc aisée. ☺️
Ce roman aborde la relation mère-fille au travers d’une transmission particulière, sur fond d’immigration. L’amour maternel se manifeste beaucoup plus violemment que par la tendresse et la douceur. La narratrice ne donne pas son nom, on peut soupçonner une large part autobiographique.
L’histoire commence d’abord en Algérie, dans les années 50-60 où la narratrice nous raconte les relations entre sa mère, appelée Vendredi, et sa grand-mère. Vendredi est une fille vive, effrontée, elle ne tient pas en place. Adulée par son père, elle assiste impuissante à sa mort d’une manière barbare par des soldats. C’est une enfant à ce moment-là, et sa mère, déjà démonstrative de son amour à coups de poings et de pieds, va renforcer sa violence envers ses filles, qu’elle considère comme des fardeaux, Vendredi étant la plus teigne de toutes. L’histoire continue en France dans les années 70 à 90, à Clermont-Ferrand, dans cette fameuse impasse Verlaine, où Vendredi, mariée à l’adolescence contre son gré, y élève ses enfants et perpétue la tradition maternelle dans la démonstration d’affection envers sa fille ainée, la narratrice. Cette dernière se fait alors une promesse, celle de quitter l’impasse Verlaine.
L’écriture est percutante, incisive, empreinte d’humour aussi, l’humour caustique de la narratrice à la fois endurante et résignée. J’ai aimé découvrir le portrait de cette femme forte, au caractère résilient et déterminé, qui ne s’est pas laissée abattre à l’adolescence, au contraire. C’est tout à son honneur de ne pas déverser de propos haineux à l’encontre de sa mère dans ce roman. Pour elle, ces coups étaient une marque d’amour de la part de sa mère, qui n’a pas su démontrer sa tendresse autrement dans une culture où l’affection ne se manifeste pas par des effusions.
Un roman qui tombe à pic alors que la « loi anti-fessée » vient de passer : entre deux extrêmes, il y a ce qu’on appelle l’équilibre, la juste mesure…
Une très belle découverte. Dalie Farah – officiel
Critique de Stéphane Maltère critique littéraire et écrivain. « Impasse Verlaineest de ces livres marquants qui savent donner à une histoire personnelle une portée universelle. Sans pathos, avec distance et humour, finesse et vivacité, Dalie Farah a trouvé le ton juste pour raconter sans faillir ces enfances invivables dans un livre qui mérite, inévitablement, la reconnaissance d’un prix ! » http://salon-litteraire.linternaute.com/…/1949119-dalie-far…
http://salon-litteraire.linternaute.com/fr/les-anciens-et-les-modernes/content/1949119-dalie-farah-impasse-verlaine-nul-ne-guerit-de-son-enfance?fbclid=IwAR0l9kzNDZUToR2jm54m-HMA9vVRorX1LqLNbCDaUWZ8Wcp_SlRs9MSTW7U
Ce qu’elle veut c’est avoir les cheveux au vent et la peau offerte aux caresses des herbes. Pour sa mère, les collants sont obligatoires, même l’été: depuis sa fenêtre, Mère-grand surveille les mollets et les cuisses de ses trop nombreuses filles, propriétés privées inaliénables avant le mariage. Dès qu’elle peut, Vendredi triche, libère ses mollets. Quand ses beaux genoux sont à la lumière, elle se sent forte, non pas comme ces ombres coupables qui glissent le long des murs. Elle prend un air, comme ça, lève le menton, parce qu’elle la seule à connaître la beauté véritable et qu’elle domine l’ignorante soumission des autres. Elle ne le sait pas encore, elle ne le dit pas encore, mais il lui répugne un peu d’être une fille et quand elle traverse la ville pour retrouver son père, elle se secoue des regards invisibles qui plombent sa démarche.
Impasse Verlaine de Dalie Farah, chez Grasset. Offert par ma pétillante Pauline P.
https://www.babelio.com/livres/Farah-Impasse-Verlaine/1136311/critiques/1949876?fbclid=IwAR2pRvZX6kWVOcis9jg_b988eXBwdNNThWiRborbdh_yX1HS4Nh5-kU0YZE
Voici un livre dont on a du mal à se détacher. Dès le début, j’ai compris que ce serait un bon livre. Dans le domaine contemporain, je suis souvent freinée par l’écriture un peu facile, nominale et journalistique, et beaucoup de livres me tombent des mains. Certains livres, comme Chanson douce avec sa nounou tueuse, m’ont paru bien plats en dehors de leur sujet qui tient le tout.
Le sujet ne suffit pas… Il faut une écriture pour le servir. Et Dalie Farah, si elle tient un sujet fort, ne se laisse pas aller aux facilités contemporaines.
Elle parvient à la retenue et à la franchise à la fois. Elle distille de la poésie, sans jamais tomber dans la formule facile. On savoure au passage quelques petites phrases qui sonnent juste et au bon moment.
On veut savoir, on rit, jaune parfois. C’est fort et surtout, très bien écrit.
J’ai aimé le passage à l’hôpital, j’ai aimé plein de petites choses entre les lignes aussi. Je me suis attachée très vite à cette petite fille.
Dalie ne cherche pas le pathos, elle ne cherche pas non plus à l’éviter. Elle se concentre sur le style.
Les moments marquants, même s’il y en a beaucoup : quand la petite fille apprend l’existence des Juifs et de la Shoah, tout cela noyé dans un cerveau pris dans son quotidien, qui cuisine ; les Mon Chéri offerts à la mère pour lui plaire ; le joli moment du papier peint et des « au secours », tout en subtilité.
L’auteur réussit en plus à ne faire détester personne, ce qui est encore plus fort, car la mère aussi est attachante malgré tout.
Pas de misérabilisme, celui auquel l’époque nous habitue. Et pourtant, avec un tel sujet, ça aurait pu être très risqué.Voici un lien vers l’article de Stéphane Maltère, qui en dira plus sur l’histoire : http://salon-litteraire.linternaute.com/fr/les-anciens-et-les-modernes/content/1949119-dalie-farah-impasse-verlaine-nul-ne-guerit-de-son-enfance
http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5278858&fbclid=IwAR3-ysCFaankqpAWLy8UQAo-Gpgj9V6Z228q49X7IAJEx2LPjdvY-yy22Eg
par Tawfiq Belfadel
Vendredi est une fille née dans un village en Algérie. Son nom est le jour dans lequel elle est née : vendredi. « Si l’on ignore la date de naissance précise de ma mère, on se souvient du jour : elle s’appelle Vendredi, Djemaa en arabe, c’est le prénom de la rencontre avec Allah le Tout-Puissant. » (p13).
Vendredi passe son enfance et son adolescence à garder les chèvres, à faire les dures tâches ménagères, et à recevoir les insultes et les coups violents de sa mère. Adolescente, elle est mariée à un émigré qui dépasse largement son âge. Elle va vivre en France, à impasse Verlaine, quelque part à Clermont Ferrand où elle devient femme de ménage «C’est dans cette impasse que nous finirons de devenir ce que nous avions commencé à être : elle, la mère de sa fille et moi, la fille de ma mère » (p 63.)
Vendredi donne vie à une fille. Celle-ci devient vite une excellente élève, une gourmande lectrice, et réussit un concours d’éloquence. Cependant, l’existence se répète : la fillette reçoit les insultes et les coups violents de sa mère, et l’aide aussi dans ses travaux de ménage Son corps est la vérité. « Pendant un temps, je cesse de lire, puisque la vérité se trouve sur mon corps ; j’observe mes bleus, mes cicatrices, la forme de mes pieds, de mes mains, de mon sexe » (p73).
Un jour, la fille de Vendredi a son bac. C’est un moyen d’aller ailleurs. Parvient-elle à quitter sa mère pour affirmer son existence où restera-t-elle à ses côtés pour continuer d’exister à travers sa maman?
L’auteure exploite la relation entre les générations, entre la maman et sa fille, à travers un angle philosophique. Elle explore les dichotomies suivantes : existence-être, inné-acquis, sauvage-civilisé.
Le nom Vendredi rappelle les aventures de Robinson Crusoé : Robinson rencontre un « sauvage » sur son île, il lui donne le nom de Vendredi, jour de leur rencontre, et fait de lui son nègre. Chaque jour, Robinson essaie de civiliser son Vendredi.
Dans ce roman, le nom est choisi pour montrer l’insignifiance du personnage féminin. L’effacement. Le rien. Seul le décor change : on peut remplacer l’île par ce village berbère en Algérie et Robinson par la mère. Dans ce roman, il s’agit donc de robinsonnade, mais pas dans le sens d’aventures, mais dans le sens de questionnements sur l’humanité et de la recherche de soi.
Le personnage féminin Vendredi existe mais n’EST pas. Comme l’explique l’existentialisme, l’existence précède l’essence. En décidant dans le monde, l’Homme affirme son être. Ce qui n’est pas le cas du personnage de ce roman : cette femme exécute les ordres de sa mère, obéit à la nature. Elle existe de par les évènements extérieurs de son environnement. Elle est ce que sa mère est. Ainsi, l’inné- l’existence- le sauvage, précisent leur suprématie sur l’acquis- l’être- le civilisé. « Ce qui compte c’est ce que nous ne sommes pas » (p146).
Plus tard, l’existence se répète en France. Vendredi l’effacée, la « sauvage », habite le corps de sa fille et fait d’elle un autre Vendredi. Elle lui inocule le gène de la soumission, l’éducation d’une Algérie qu’elle ne connaît pas, et le souvenir d’un passé fantôme. La fille de Vendredi, née en France, dit : « J’ai les cheveux de ma mère, les genoux de ma mère, les cuisses de ma mère, les fesses de ma mère. Tout ce que je refuse et m’est étranger est moi. La nature m’a désirée telle et cela devient mon scandale quotidien » (p 143).
Bref, le roman se situe dans cet entre-deux sensible et pose cette question : chez l’humain, qui l’emporte sur l’autre, le naturel ou l’acquis ? En outre, d’autres thèmes se glissent dans la fiction pour compléter le thème central : l’exil, la terre natale, l’identité, le corps
L’écriture est limpide, mêlant sensibilité et force. La narration est assurée à la fois par un narrateur omniscient et la fille de Vendredi. Ce procédé narratologique permet de créer des mystères dans la fiction et incite le lecteur à poser des questions.
La romancière a inséré discrètement des fragments autobiographiques : comme la fille de Vendredi, Dalie Farah est née en Auvergne (lieu de la fiction) en 1973 (date de naissance du personnage), de parents algériens (troisième élément autobiographique). Bien que le roman ne soit pas une autobiographie ou une autofiction, la romancière essaie de se retrouver à travers son personnage, ou du moins de retrouver une partie d’elle.
Enfin, Impasse Verlaine est un questionnement humain qui se situe entre l’inné et l’acquis, la nature sauvage et la civilisation. Simple et puissant, nourri d’humour et de réflexions, le roman est une belle robinsonnade féminine, un pont entre l’Algérie et la France, et un dialogue intergénérationnel qui se dit par les corps, non par les mots.
L’auteure :
Née en Auvergne en 1973, de parents immigrés d’Algérie, Dalie Farah est agrégée de lettres et enseigne en classes préparatoires près de Clermont-Ferrand. Impasse Verlaine est son premier roman.
Impasse Verlaine, Dalie Farah, éd. Grasset, 224p, 2019.